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Cette chronique de Gael est intitulée « Un mantra, trois voies ». La rédaction me demande de donner une des trois voies, en commentant une citation. Celle de ce mois de mars 2016 est une phrase de Myriam Leroy : « La peur n’empêche pas de mourir mais elle empêche de vivre. »

Cette citation m’a rappelé la venue de Sophie dans mon cabinet :

« J’ai peur de lui dire. Il ne comprendra pas. De toute façon, il n’écoute pas et ne se remet pas en question. » Depuis des mois, Sophie souffre de la relation toxique qui règne avec son patron : jeux de pouvoir, manque de respect, de confiance. La goutte qui a débordé est un mail insultant avec des collègues en copie.

Déstabilisée, Sophie s’est écroulée dans mon cabinet. La confiance en elle est attaquée de plein fouet. « Je ne suis pas à la hauteur, je ne suis plus compétente, je suis incapable. J’ai peur de moi ! » Sophie est blessée, désemparée dans cette relation où l’autoritarisme s’impose, où le jugement est permanent. Elle est extrêmement sensible à la reconnaissance, en a un besoin profond.

Nous avons cheminé sur deux axes lors de notre entretien pour sortir de sa souffrance. Pour nourrir sa reconnaissance, Sophie a pris conscience de son piège : elle ne se définit qu’au travers du regard de l’autre. Jamais elle n’avait mesuré l’importance de s’en donner à elle-même, de se féliciter de son professionnalisme, sa rigueur, sa disponibilité, son écoute. Elle a donc décidé de noter chaque soir 10 actions positives posées dans l’équipe, avec le client, un collègue….en commençant : « Aujourd’hui, je me félicite de…je me remercie pour…. ».

Sophie a également compris que le feed-back se donne, se reçoit, s’accepte et se refuse. « Se refuse ? » Oui ! Sophie a imprimé le mail et le lendemain a été trouvé son patron avec le document : « Je vous rends votre message. Je ne peux l’accepter. Il ne m’appartient pas ni dans son fond, ni dans sa forme. ». Surpris par une énergie qu’il ne connaissait pas de Sophie, leur dynamique relationnelle a pris une autre couleur, une nouvelle dimension. Il a compris que son agressivité était son mécanisme de défense pour cacher ses propres stress et sources d’angoisse. Aujourd’hui, Sophie revit : elle se reconnaît et fait face en mettant ses limites.